Hommage à Panazô

crbst_panazo_20photoPanazô est venu à la « grande ville », Limoges, le temps de sa naissance en 1921. Il est retourné ensuite à Panazol, où vivaient ses parents.

De son vrai nom André Dexet, il a emprunté à ce village, aujourd’hui quasiment lié à la capitale limousine, le pseudonyme qui allait le rendre populaire. « Panazô » c’est Panazol en occitan, langue qu’il a utilisée dans des « nhorles » : historiettes mettant en scène des personnages qui émaillent la vie « du » village, limousin notamment.

Chroniqueur, journaliste, écrivain, occitaniste convaincu toute au long de sa vie, il s’est attaché à faire découvrir cette culture. Ses émissions sur Radio Limoges particulièrement, connurent un énorme succès dans les années 55-60.

Il est l’auteur de 13 livres dans lesquels  » le paï  » son Pays, avec ses coutumes, son fil des jours, ses petites et grandes misères, sa saveur et sa rudesse , est toujours essentielle.


J’ai connu en PANAZÔ un homme dont le tempérament réservé masquait la douleur d’une vie parsemée d’écueils, mais quelqu’un pour qui le talent n’avait pas émoussé l’altruisme que était sa préface de chaque relation humaine.
PANAZÔ est l’homme qui m’a motivé sur le chemin de l’écriture, me faisant l’honneur de préfacer mon premier livre pour lequel il m’avoua un grand plaisir le l’avoir lu. J’ai immédiatement compris que c’était à travers mes écrits, une complicité Limousine
du verbe et de la phrase qui liait ce cordon d’amitié.
Je remercie très vivement PANAZÔ pour son aimable encouragement, souhaitant que son talent malgré son départ puisse faire de émules.

Jean Pierre BRULE


Terro limousino aux boïs parfumas
Sur un nid de mousso, y vindra poinça :
Je rends hommage à Panazô, cet homme de grand talent, qui par sa simplicité, son humour, sa passion de notre terre limousine, de nos traditions, a su faire revivre au travers de tous ses écrits, son amour des autres, son amour de la vie, Avec sensibilité, il fait une halte sur notre passé, resurgir nos racines.
Comme une source claire et vive, cet auteur d’exception, me désaltère et m’entraîne dans cette vie d’autrefois, si poche et si lointaine déjà.
Je lui dédie ces quelques vers :
« Le sillon s’est ouvert devant ta graine
L’herbe sous tes pas inonde la plaine
Tu réveilles les fleurs en chantant sous le frêne
Et ton amour coule comme l’eau d’une fontaine.
Ton chemin se nomme espérance
Il y fleurit la javelle et le raisin
Mais surtout cette douce image de ton talent d’écrivain »

Lucienne BOULESTEIX


Souvenirs…,
Plus de quarante années en arrière, je me souviens,
De ces longues journées de travail, sans un maigre repas,
Avec néanmoins le droit d’écouter, si tout allait bien
Vers dix-neuf heures Radio-Limoges, l’émission animée par Panazô.
Le Bouéradour din lé toupi »; jeunes et vieux tapaient dans leur mains,
Quand là la fin de la semaine l’artiste troubadour lançait très haut
Et, «Hardi que té débouéro !», ce n’était pas long, mais ça faisait du bien,
A tout ceux que le reconnaissaient au travers des propos.
De celui que chaque soir à heure fixe repassait son chemin,
Afin d’apporter un rayon de soleil dans un ciel pas toujours gai ou beau.
Par vos dialogues, vos écrits, vous en avez fait rêver des Limousins
Ils ne vous oublieront pas de sitôt, même sons vous avoir vu.
Vous êtes entré chez eux par le livre, la radio ou tout autre moyen,
Notre patrimoine ne peut vous ignorer, vivre à votre insu,
C’est la moindre des choses en n’oubliant absolument rien,
De ce que vous avez apporté ici et au-delà d’un limousin cru,
Sur ce carré de terre souvent décrié, mais « résonnant si bien,
De vos gnorles, histoires, taquineries, que chacun se souvient avoir entendues.
En ce début de printemps, nous ne vous oublions pas ici à Saint-Martin,
Continuez de jouer la où vous êtes, gardant secrètement le souvenir de tous ceux
qui vous ont connu.

Claude Canin


Une voix, un homme…
Pour moi, comme pour beaucoup d’autres enfants de ma génération,
PANAZÔ fut tout d’abord une voix. Celle qui, par les ondes, franchissait
les obstacles pour venir se poser dans la salle à manger C’était une voix
pas comme les autres puisqu’elle parlait la langue des cours de fermes, des
champs de foire et de repas de batteuses. C’était la langue presque
officielle de nos grands-parents, qu PANAZÔ nous apportait à travers le
poste pour nous faire rire de bon coeur, autour d’un monde qu’il avait
inventé et que aurait pu être vrai.
En ce temps là, alors que les lucarnes imagées n’avaient pas encore fait
leur apparition, un bonhomme que parlait dans le poste avait de
l’importance. Autant dire que lorsque je fus appelé, à moins de vingt ans,
à faire mon apprentissage de journaliste aux côtés de PANAZÔ, j’étais
particulièrement impressionné de le rencontrer, lui qui avait acquis ses
galons de « vedette » Il n’y avait pourtant pas de quoi en faire un plat.
Certes, l’air pouvait parfois paraître bourru, mais ce petit oeil malicieux
qui s’allumait soudain pour faire sourire le personnage de l’intérieur,
effaçait bien vite toutes les verrières de la timidité. Et l’on découvrait
PANAZÔ tel qu’en lui-même, chaleureux et attentif. Avec lui, le temps
semblait parfois s’immobiliser, il avançait lentement dans le siècle,
comme un sage qui en a vu d’autres. Il m’appelait « Petit », j’aurais pu
être son fils, je répondais « Le Vieux », Il aurait pu être mon père.
Nous avions des projets d’écriture, pour plus tard, car nous remettions
souvent au lendemain ce que nous aurions pu faire le jour même. Nous
avons pris les mêmes chemins buissonniers et j’ai attendu qu’il publie
bien des livres avant d’écrire les miens.
Du coups, nous devrons poursuivre la conversation au coin du zinc du
paradis des écrivains. Ca nous promet encore de belles journées.

Michel COURCELAUD
Journaliste, romancier


Une âme limousine
A la mémoire de mon vieux compère PANAZÔ (1921-juillet 1997)
Lucide, tu jaugeais la comédie humaine
Enfantant ses guignols, ses bourreaux, ses commis
Hypocrites, cruels, stupides, et soumis
A l’Argent-dictateur, monstrueux phénomène
Voyager par l’esprit, dans l’immense domaine
De la mémoire et du concept, où sont permis
Chimères, idéaux, et même compromis,
Tu le fis sans répit, en doux énergumène.
Ecrire te parut un fidèle miroir
Du coeur et du mental ; chantre de ton terroir,
Tu louas avec art, insistance et malice,
Ton pays limousin, au digne et fier passé ;
Nous traînames, tous deux, sur ce chemin complice
Que la Mort, en silence, a soudain fracassé …

Henri DEMAY
(inédit – 31 août 1997)


PANAZÔ CONTEUR
C’était la fin des années 40,. Le souvenir des misères de la guerre s’estompait. Les postes de radio (on disait encore la T.S.F.) devenaient peu à peu accessibles à un plus grand nombre de familles, et le monde rural commençait ainsi à sortir de son isolement. Mêmedans les ville, ceux qui parlaient, ou tout au moins, comprenaient le patois étaient
encore très nombreux.(Et, si l’on nous avait dit que ce langage qui nous était familier
depuis notre enfance, sans l’avoir appris à l’école, s’appellerait un jour l’occitan, nous
aurions certainement été aussi ébahis que monsieur Jourdain, lorsqu’il découvrit qu’il
s’exprimait en prose).
Ce fut à l’époque qu’André Dexet eut l’idée d’une chronique radio diffusée qui allait le
rendre immédiatement populaire sous le pseudonyme de PANAZÔ. Il s’agissait de niorles, qui sont des historiettes, des récits contés en patois se terminant souvent par un effet comique. Mais ces niorles ont l’étrange particularité de perdre leur saveur lorsqu’elles sont traduites en français. En somme, elles doivent être consommées telles quelles, ou pas du tout.
D’emblée PANAZÔ trouva le ton qu’il devait conserver pendant la décennie suivante. Il
avait de la verve, de la bonne humeur et parfois de la truculence. Il savait manier joyeusement le burlesque. Il fallait l’entendre lorsqu’il nous décrivait , par exemple, les caracoles de l’âne Pétofer. On attendait l’heure de son émission. Parfois, on modifiait son emploi du temps pour ne pas le manquer. Aux repas de batteuse, il se trouvait souvent un joyeux drille pour remémorer aux autres certaines de ses niorles ; et des tablées entières étaient secouées par le rire. Et du rire, on en avait besoin après la grande tristesse des années noires !
PANAZÔ ECRIVAIN
Ce n’est pas dans des intriques savamment construites et relancées par d’astucieux
rebondissements que réside l’intérêt de l’oeuvre écrite de Panazô.
Cet intérêt, on le trouve d’abord dans sa grande sensibilité, dans la sincérité de ses
sentiments et de ses émotions qu’il nous fait aisément partager, notamment dans La Françoise, ce livre plein de tendresse qu’il a consacré à sa mère. Il ne triche pas. Il évoque même avec un franchise rare chez un auteur, « l’un des jours les plus difficiles de ma vie ». Et cela nous le rend encore plus sympathique.
Mais, à mon avis, il y a quelque chose de beaucoup plus durable chez cet écrivain : il
possède l’art de tisser, par touches successives, l’atmosphère d’une époque (et brillamment celle des années 30) . Ce sont ,entre autres moyens que y contribuent ; des termes de patois, des façons de vivre d’autrefois, des expressions de langage à la mode ancienne et disparues aujourd’hui, qu’il ressuscite ; des techniques du monde rural ou artisanal d’alors qu’il fait revivre avec des précisions et un réalisme méticuleux .
J’ai tellement apprécié ces qualités que je lui ai demandé, en 1983, l’autorisation de
reproduire l’une de ses pages dans l’un de mes livres scolaires destinés aux élèves de 6ème. Ce qu’il m’a fait l’honneur et l’amitié de m’accorder bien volontiers. Il s’agissait d’un extrait de Panazô, un conteur occitan, que j’ai intitulé La fauchaison du pré de la Vienne, et qu’ainsi, de nombreux professeurs de régions de France, souvent éloignées du Limousin, ont pu faire étudier en lecture expliquée à leurs élèves.
Pour conclure, je pense que PANAZÔ est avant tout un témoin scrupuleux et pittoresque de son temps. Grâce à lui, ceux qui n’ont pas vécu les époques qu’il évoque peuvent s’en faire une idée très précise. Je suis sûr qu’il demeurera un auteur de référence (comme Fernand DUPUY, entre autres) pour les écrivains et les cinéastes du futur qui désireront réaliser des oeuvres authentiques sur notre Limousin des années 1930 à 1950.

André DUBREUIL


 

Je me souviens du Monsieur qui me rendait visite à La Paillotte lorsqu’il participait aux Journées du Livre de la ville de Saint-Junien, esprit jovial et talentueux, il guidait des jeunes auteurs dont je faisais parti, pour cela je lui dois un grand merci !

Patrick DUCROS


 

A TOT AURA !
En questa prima flurida de 98, quand nòstre Lemosin se tòrna maiar de
beutats, de colors ; quand una saba d’esperança se met de riular dins totas las venas de
son còrps emai de las nòstras ; après lo temps de l’ivernada que nos a engorgossinats,
penseva pas, l’ AMIC,tonar prener ‘na pluma tan legiera per t’adreiçar quilhs quauques
mots
Lo dareir còp que t’ai laissat qu’en antan, un 22 de julhet ; una brava jornada
d’estiu. Avia pausat, en libre de condolencias — qu’era ben mon dever d’amistat — la
pita frasa de despartide ; enoccitan, segur. E rasis me lo quite maira de limòtges, que li
balhei lo craion per escrir ; e que podia pas ne pas veire çò que t’avia marcat, dins nòstre
linga de terra
E te eras cendre…
Qu’es pas per dire que lo fuòc nòstre s’era chabat dempuei antan. Pòt pas se
tuar ; pòt mas comar . Labrasa ardenta coa totjorn jos las cendres. Mas te parlar aüci, perdelai
lo silenci e l’espaci, qu’es revirar lo chamin de memòria a rebors, a contra-piau. E
quò pòt mas se far dins la linga qu’avem totjorn parlade entre nautres dos.
Un jorn m’avias contat que ton pair paisan te disset que nòstra terra de patois
era un païs ; era ‘na sòla, una patrïa ; e que au nòrd qu’era la França… E l’as bien servida
questa terra ; en dire dau mielhs que podias la suor e los raibes ; lo trabalh e las braveias ;
la bateusas, las baladas ; nhòrla e poësia ; emissions de radiò , chançons politicas…
Avias chausit la resisténcia. Avais-tu chauusit ; per de vrai ? Qu’es nommas un pauc sur
la fin d’una vita bien garnida que ta linga s’es francisada. Mas damoret limosina.
Mas lo timbre , los mots, la chançon, lo resson de parauda nos manquen
talament per aura. Et per deman que ne’n farem ? Ente la podem-nos trobar ? Quela
linga qu’es quí escricha ; en negre e blanc. Siria-quò ‘na lingade dòu ?
Quò, l’as pas volgut, PANAZÔ.
Parlen de la Republica ; qué fai-‘la Republica per respactar çò que nos som ?
AMIC, ses cendres ; e nos ven la jòuna sason. La cendre balha fertilitat a la
terra. Eissegan tots ensemble un pauc de tas cendres per una prima eterna de la
consciéncia occitana e de la creacion en païs Lemosin.
Entau l’i aurá pus d’Adiussiatz

I. LAVALADA


 

HOMMAGE A PANAZÔ
Il y a près de 40 ans, j’ai fait connaissance avec PANAZÔ auquel j’ai
adressé une lettre pour sa chronique : « En direct avec… l’Echo du
Centre ». Je fus, tout de suite, séduit par sa gentillesse.
J’eus l’occasion de le rencontrer souvent au fil de son parcours d’
« homme de communication » pour discuter avec le journaliste, « causer
dans le poste » ou filmer notre belle région. Toujours, c’était un plaisir de
l’entendre dire : « Salut l’ami !… »
PANAZÔ était fidèle en amitié et j’ai eu le privilège de publier ses trois
derniers livres, ultimes clins d’oeil à ce Limousin qu’il adorait.
PANAZÔ était un conteur incomparable, il était aussi un écrivain à nul
autre pareil ! Formé à l’école du « malheur », il avait le talent des grands
auteurs et, avec bonheur, il avait inventé l’écriture « en trois dimensions ».
Faire voir, entendre, sentir la vie, la vraie… Il aurait mérité mieux de la
part des éditeurs parisiens mais ces gens pouvaient-ils accepter qu’un
« valet de ferme » vienne se mêler à la culture ?
Je suis particulièrement heureux que, sur ma proposition, la municipalité
et les Amis de la Bibliothèque de Saint-Martin-de-Jussac aient décidé de
créer un prix littéraire annuel, qui portera le nom de notre cher
PANANZÔ, récompensant une oeuvre mettant en valeur le Limousin.
Ainsi sera perpétué le souvenir d ‘un homme de plume, talentueux et
chaleureux, malicieux et cependant soucieux de travail bien fait.
PANAZÔ a su se faire honneur et faire honneur à son cher Limousin.

Pierre LOUTY


 

A Panazô
Dire quelques mots pour celui qui a dit tant de choses,
Et les a si bien dites !
C’est comme ajouter une couleur à un tableau de Maître…
Il ne le faut pas !

Michelle Pascale


 

Le cri de PANANZÔ

Par André SOURY

L’époque où nos pendules étaient réglées à l’heure du soleil est
toute récente et cependant bien révolue. Personne ne pense à
revenir au temps des métayers, et où l’on liait les vaches. Et
pourtant… !
Depuis, tout s’est emballé : « ça en a passé de l’autre côté »,
aurait dit mon grand-père. Nos fermières n’ont plus le droit de
vendre les oeufs sous le cul de la poule, chassés par les oeufs
industriels qui ne sont plus de oeufs. On fait pisser du lait à des
vaches qui ont perdu le goût de l’herbe. La truite, le lièvre, la
perdrix ont disparu ! Et que prospèrent les élevages industriels
pour alimenter nos rivières empoissonnées de truites
granulées, et nos champs pesticidés ! Et qu’écume dans la
poêle la viande forcée ! Le progrès, le progrès ! Ils appellent ça
le progrès. D’affreux technocrates absolument déshumanisés
sont passés par là, et comme dirait Claude Michelet : « les
palombes ne passent plus ! » On commence à en revenir et à
apercevoir que le progrès n’est pas le progrès, quand il est
débridé. Il faut le maîtriser ! Mais que de temps n’a-t-il pas fallu
et que de timidité encore !
Or, quand Panazô « s’est lancé » c’est l’instinct de toute une
civilisation qui criait… Pour défendre nos traditions qui foutaient
le camp !
Est-ce trop tard ? Sûrement pas ,mais il faut frapper fort !
En faisant revivre la mémoire de notre ami, nous défendrons
une culture bien de chez nous. Alors il faut le faire.